Mot du président
C’est avec un immense plaisir que je joins CATALIS Québec dans le but de contribuer à l’essor de la recherche clinique au Québec et d’encourager la cohésion entre tous les acteurs du milieu afin d’améliorer les soins aux patients souffrant de maladies actuellement incurables.
À titre de nouveau président exécutif, j’aimerais profiter de l’occasion pour faire le point sur la situation exceptionnelle et dramatique que nous traversons actuellement. Dès mon entrée en poste, j’ai tenu à interroger une douzaine de leaders du milieu afin de mieux comprendre les effets de la pandémie sur la recherche clinique et de m’aider à brosser un portrait réaliste de la conjoncture. L’impact sur le milieu est indéniable (perte de financement, démantèlement de la main d’œuvre, retards des essais non COVID), tout comme l’incidence sur les patients (limitation de l’accès aux soins, peur de se présenter dans les centres hospitaliers et délai dans la commercialisation de nouveaux médicaments novateurs). La crise de la COVID-19 changera significativement le monde de la recherche clinique et la transformation est même déjà amorcée.
Dès le début de la crise, le réseau a rapidement pris des mesures de suivis à distance afin de protéger les patients tout en leur permettant de rester dans les études afin de continuer à recevoir leurs traitements expérimentaux. Les leaders s’entendent pour dire que cette pratique décentralisée se poursuivra après la pandémie, mais que les protocoles devront être adaptés et validés afin de conserver l’intégrité des données et la sécurité des patients.
Afin de réagir à l’urgence, les comités d’éthique ont eux aussi accéléré de façon impressionnante l’approbation des nouveaux protocoles et des modifications devant être apportées aux études. Cette réponse à la crise reflète une grande collaboration entre tous les partis, une simplification des processus, et une réorganisation des activités. Cette stratégie doit absolument être maintenue et renforcée afin de conserver cette accélération des procédures même après la crise.
Il est encore difficile de prédire avec précision où mèneront tous ces changements, mais une chose est sûre, c’est qu’il faudra s’adapter et maîtriser les changements amenés par la crise pour confirmer notre habileté à conduire des études cliniques au Québec. L’entrée en vigueur prochaine d’un nouveau règlement qui vise à réduire le prix des médicaments brevetés, la conduite des essais cliniques hors des centres hospitaliers et la possibilité d’une réduction du nombre d’études financées par les compagnies pharmaceutiques sont des réformes qui risquent de bouleverser le milieu de la recherche clinique.
Discuter avec les leaders du milieu m’a permis de comprendre que peu importe les solutions qui seront déployées, il faudra tenir compte des leçons apprises et s’assurer que ces solutions sont avantageuses pour les patients. Par ailleurs, selon moi, il me semble essentiel que la province positionne la recherche clinique et la considère comme une continuation des soins aux patients. Et pour que le Québec reste compétitif à attirer des essais cliniques, nous devons aussi modifier la perception des études commanditées par les entreprises pharmaceutiques, car elles financent une grande portion de la recherche clinique et contribuent à la survie des centres de recherche. À titre d’exemple, en 2016, les essais cliniques pharmaceutiques ont permis de générer près de 760 millions $ canadiens en coûts évités pour le système de la santé au Québec (p. ex. coûts des médicaments, équipements, procédures aux patients, frais administratifs et frais indirects).
Il faut apprendre de la crise pour trouver des moyens de perfectionner nos pratiques et devenir plus performant à attirer plus d’essais cliniques afin de permettre à plus de patients de bénéficier de traitements de pointe.